Décidément, l’univers Spirou n’a de cesse de se renouveler, de s’adapter à son lectorat et son temps intelligemment.
Ici dans Super Groom, Spirou traverse une crise existentielle : son bilan carbone pour mener à bien des aventures à l’autre bout de la planète le questionne fortement, il broie du noir et ne sait que faire.
Il décide de rompre son contrat avec le Moustique rapidement, pour prendre le temps de souffler et de se retrouver. Il monte rapidement un canular avec le comte de Champignac mettant en scène un super-héros nommé « Super Groom », qui ne va pas tarder à être reconnu, mais Spirou pâtit d’un double se faisant passer pour Super Groom et menant des actions agressives mettant en danger la vie de personnes…
Spirou va alors enfiler le costume pour de bon et faire taire ce double immoral.
 
Ce nouveau titre par Vehlmann et Yoann, qui proposait déjà une relecture du personnage plus pêchue vont ici au bout de leur raisonnement semble-t-il.
Spirou emménage dans une maison à retaper au sein d’un quartier cosmopolite et boudé de la gentrification dans Bruxelles, l’immobilier changeant le visage de la ville, et rapidement l’analogie avec Spider-Man qui a Brooklyn au cœur vient vite. Champignac apportant la touche technologique nécessaire, le Fantacoptère bouclant l’attirail du super-héros proche de Batman.
Tout est là dans Spirou pour y apporter l’ambiance « comics », et le duo s’en sort très bien ! De un le dessin de Yoann accentue certains visages et expressions dans un trait qui semble plus personnel, moins proche du cadre franquinesque, de deux Vehlmann réussit à fusionner de manière cohérente pas mal d’influences en ne méprisant pas la cohérence de l’ensemble. On a donc droit à un résultat très convaincant, résultat à notre sens d’un travail de longue haleine qui sait porter ses fruits, avec notamment la collection Spirou vu par…, le Zorglub de Munuera qui est d’une fraîcheur bienvenue, et tutti quanti.
 
Une référence qu’on espère voir se développer et s’installer dans le temps, et qui mérite vraiment qu’on y jette un œil.