D’abord prépublié sous la forme d’un fanzine entre Décembre 2022 et Août 2024, « Marco » qui ne s’appelait pas encore « Dix Secondes », raconte le trouble adolescent, celui qui nous pousse à faire connerie sur connerie, innocemment, sans volonté de nuire et sans qu’aucun conscient ne soit convoqué. Le titre « Dix Secondes » évoque les défis que l’on peut se lancer à soi-même comme celui de fermer les yeux pendant 10 secondes alors que l’on fait une activité qui nécessite de garder les yeux ouverts (du vélo, de la mob, voire d’autres choses plus dangereuses). Qu’elle est la raison qui nous pousse à faire cela si ce n’est le besoin de frissons, de se sentir vivre, de se défier ? Quelle est la cause qui pousse une partie des 14-19 ans à binge drinker, à consommer toutes sortes de drogues et à vivre moults péripéties au grand désarroi de parents conscients ou non de la situation.
Max de Radigues n’apporte pas de réponse à cette question mais il est sans doute à l’heure actuelle l’un des auteurs le plus juste et le plus sincère sur cette période charnière qui nous voit sortir de l’enfance avant de rentrer dans le monde des adultes. Alimenté par ses propres souvenirs, chacun de ses récits depuis « l’Age Dur" il y a presque 20 ans relate cette période comme l’eut fait un Victor Hugo et un Gérard Mordillat pour la condition ouvrière. Personne n’en a fait autant dans le 9e Art.
Avec un style graphique dépouillé, très ligne claire, voire naïf par moment, il rend accessible à tout un chacun une partie de cette mémoire qui est la sienne, peut-être la nôtre avec une forme de nostalgie bienheureuse et qui pourrait nous permettre de mettre des mots et des images sur les maux de l’adolescence.
Ainsi je ne saurai donc que vous conseiller de :
- vous plonger dans la bibliographie de Max, de choisir quelques titres (car c’est vrai qu’ils sont peut-être trop nombreux pour un premier date) et de retrouver vos souvenirs en commun avec Max tout en vous éveillant à vous-mêmes et aux autres
- découvrir les ouvrages que Max traduit en tant qu’éditeur avec sa maison « ’L’Employé du moi » et notamment « the End of the Fucking World" de Charles Forseman, autre grand témoignage de cette période.

Oui oui, je vous le redis Max de Radiguès fait beaucoup de choses pour nous aider à mieux nous comprendre et à mieux comprendre nos jeunes que l’on aime tant mais qui peuvent parfois nous exaspérer. Remercions-le en lisant ses albums !

Marco tient l'ennui pour ivresse, les journées sont longues, pathétiques ; surtout dans un petit village paumé...

On se plait à se reconnaitre dans ce personnage, un brin dans l'excès (euphémisme).

Tantôt drôle, tantôt touchante, c'est encore une nouvelle pépite signée Max de Radiguès.